Spectacle permanent.
La nature, et la nature « verte » en particulier, est coutumière du spectaculaire : un champ de coquelicots en fleur – quand on peut en trouver un ! -, une forêt de hêtres en automne comptent parmi ses démonstrations de masse dont on ne se lasse jamais. A plus petite échelle, il y a nombre de végétaux qui, par leurs couleurs, leurs feuillages, leur taille ou leur silhouette, attirent aussitôt l’attention, même s’ils sont solitaires.
Il en existe, là encore, pour toutes les saisons, hiver compris, et la richesse des catalogues de nos pépinières permet au jardinier curieux de ne jamais être à court en la matière. Certaines doivent être considérées de près alors que d’autres pourront servir de point de mire au jardin comme sur terrasse ou balcon.
Nos coups de cœur
La Bignonia capreolata des pépinières Travers
Au vu de ses fleurs et de sa végétation, on pense souvent que cette vraie bignone est une tropicale gélive. Il n’en est rien. Ses fines tiges fixées par des vrilles résistent fort bien au froid (-12°C), tout comme ses fleurs précoces à qui des gelées modestes de fin d’hiver ne font pas peur. Outre la forme sauvage, aux trompettes bicolores (jaune et rouge), on trouve ‘Tangerine beauty’ (cuivrée) et depuis peu, ’Atrosanguinea’ (rouge orangé uni). Ses inflorescences sont censées dégager une senteur de café, ou de chocolat, à vrai dire, discrète. Pour toute terre moyenne, au soleil.
Bignonia capreolata_©Philippe Bonduel
L’Arisaema candidissimum de La Roche Saint-Louis
Toutes les Aracées intriguent par leurs fleurs en cornet et, pour certaines, leur feuillage diversement décoratif. La gamme des Arisaema, tous issus de sous-bois orientaux, cumule souvent les deux aspects, et ces curiosités commencent à être plus répandues chez nous. L’une des plus charmantes est sans conteste A. candidissimum, aux cornets striés de rose et de blanc, éclos avant l’apparition du sympathique feuillage semblable à un énorme trèfle. En prime, ces inflorescences, contrairement à celles de nombre de représentants de la famille, sont délicatement odorantes. Une exposition à mi-ombre, en toute bonne terre additionnée de terreau convient à ce joyau, plus qu’honnêtement rustique.
Arisaema candidissimum_©DR
La Cerinthe major ‘Purpurascens’ chez Hortiflor Bureau
Rien de plus facile à adopter que cette annuelle méconnue. Elle forme dès l’automne des tiges ramifiées, atteignant 40 cm de haut et couvertes d’un feuillage légèrement charnu, à reflets bleutés dans la forme sauvage, aux fleurs printanières jaune et brun. Le cultivar ‘Purpurascens’, très ornemental, possède des feuilles aux reflets nettement pourprés et des fleurs lie-de-vin foncé. Peu encombrante, dotée d’un système radiculaire réduit, cette élégante se ressème d’elle-même aux endroits les plus inattendus, même en sol très maigre, pourvu qu’il soit bien drainé.
Cerinthe major ‘Purpurascens’©DR
L’Anémone x fulgens ‘Multipetala’ de l’Atelier du Végétal
Connue depuis la Renaissance au moins, cette ravissante anémone, nettement plus solide que ses parentes dites « de Caen », offre en mars-avril d’éclatants bouquets de corolles en pompons pelucheux. Très fidèle, prolifique, sans doute née en France et donc «bien de chez nous», elle a fait autrefois l’objet d’un commerce international de bouqueterie. Ses besoins ? Une terre très moyenne, pas trop humide et du soleil, c’est tout. Elle résiste au moins à -10°C, même en pleine végétation.
Anemone x fulgens ‘Multipetala’_©DR
La Primula vialii chez Meers Vasteplanten
Il est bien étrange qu’on ne trouve que sporadiquement cette primevère à grand effet. Poussant en situation lumineuse sans plus, en sol humifère frais où elle se ressème volontiers, cette chinoise montagnarde se distingue aisément de ses sœurs par son aspect insolite. En effet, à partir de ses grandes rosettes de feuilles soyeuses, dentelées, elle produit sur de hautes tiges (30 cm) des inflorescences en épis allongés, un peu comme certaines Hebe. On les repère de loin, les calices rouge brique formant un vif contraste avec les fleurs lavande. Succès assuré.
Primula vialii®’_©DR
La consoude ‘Bocking 14’ de la pépinière Arom’antique
Son nom un peu rébarbatif, dû à la station de recherches qui l’a sélectionnée, ne doit pas cacher ses qualités. Cette consoude s’est taillé une belle réputation chez les amateurs de « bio », son feuillage riche en azote servant d’engrais et d’accélérateur de compostage. Mais c’est également une magnifique vivace à hautes tiges (50 cm), dont les boutons floraux rouges font place à des masses de fleurs bleu pur dès le mois d’avril et souvent jusqu’en automne. Stérile, elle ne se ressème pas inconsidérément et ne trace pas, ce qui évite l’invasion. Toute terre pas trop sèche lui convient.
Consoude ‘Bocking 14’_©Arom’Antique
L’Aesculus x neglecta ‘Erythroblastos’ de Benoît Choteau
Les marronniers ne comptent pas dans leurs rangs que des gros arbres à l’ombre dense. Témoin Aesculus x neglecta, élégant hybride, père de quelques variantes dont la plus spectaculaire est sans doute ‘Erythroblastos’, au feuillage printanier entièrement rose saumoné, qui passe de loin pour une floraison. Il vire ensuite au vert clair pour reprendre en automne des tons cuivrés. Les leurs à dominante vert acide sont charmantes mais restent discrètes.
L’arbre peut atteindre 6m de haut en restant aéré, et supporte un éclaircissage tous les six-sept ans. Il pousse en tout sol moyen.