Le domaine

Le parc de saint-Jean de Beauregard

La découverte du parc du château de Saint-Jean de Beauregard est une partie intégrante de la visite du domaine. Cet espace végétal témoigne des pratiques d’aménagements des siècles passés et de notre rapport actuel avec la Nature.

Le parc du château de Saint-Jean de Beauregard est un témoignage rare de la préservation des aménagements paysagers du XVIIe siècle

Le visiteur qui découvre le domaine de Saint-Jean de Beauregard, pénètre dans le parc par la grille située rue du château. S’offre alors à lui un parc de 20 hectares pour l’essentiel identique au plan d’origine tel que l’on peut le voir dans les plans et les cartes des XVIIe et XVIIIe siècles. Conformément à l’usage, le Parc est séparé du Grand Parc par un mur d’enceinte percé de grilles, accès pour les occupants et ouvertures pour ménager des vues vers l’extérieur. Ce mur existe encore aujourd’hui. Comme à Versailles, le jardin et le Parc sont consacrés aux promenades à pied tandis que le Grand Parc composé de forêts et de terres cultivables est le lieu de la chasse à cheval et de l’activité agricole.

Le parc est un quadrilatère régulier dont un tiers est occupé par le Potager et le verger ; les deux autres tiers sont organisés en quatre salles vertes. Le cœur des bosquets est planté de chênes, de frênes, de châtaigniers, essences naturelles dans la région. Les allées rectilignes sont bordées de charmilles taillées au cordeau pour créer un mur végétal. Autrefois, on parlait d’ormilles, car ces haies étaient souvent composées d’ormes. Cette essence qui était si répandue en France est aujourd’hui extrêmement rare car elle a été victime au XXe siècle d’une épidémie de graphiose. La feuille de charme étant proche de la feuille d’orme, les ormilles sont devenues des charmilles, mais à nouveau ces architectures végétales se voient menacées par les tempêtes et les maladies qui sont la cause de repousses difficiles. La taille régulière des haies est essentielle pour ménager les perspectives caractéristiques des aménagements « à la française ». En convergeant, les allées forment des clairières, appelées cabinets de verdure, dont le décor n’est pas identifié. La carte des chasses du Roi dressée entre 1764 et 1773 peut amener à penser qu’au centre des cabinets de verdure se trouvaient vraisemblablement des parterres engazonnés de forme géométrique. Vu du ciel, le réseau des allées forme des étoiles.

Le parc du château de Saint-Jean de Beauregard est un témoignage rare de la préservation des aménagements extérieurs du XVIIe siècle, raison pour laquelle, il est classé au titre des monuments historiques. En effet, au XIXe siècle, nombre jardins et parcs à la française ont été redessinés « à l’anglaise ». Depuis la fin du XVIIIe siècle, le style « à la française », aussi dit « régulier » n’est plus guère apprécié, on lui oppose l’idée d’une nature sauvage et libre portée par le style « à l’anglaise » ou paysager. Mais suivre la mode n’explique pas tout. En effet, les jardins à la française requièrent un entretien constant donc extrêmement coûteux. Leur beauté n’étant bien souvent qu’un lointain souvenir, leur transformation en un jardin « moderne » plus facile à soigner s’impose d’elle-même. Ainsi, à la fin du XIXe siècle, les jardins à la française prônant une Nature ordonnée par la Raison avaient presque disparu du territoire français jusqu’à la réhabilitation du style national au tournant du XXe siècle portée par Henri et Achille Duchêne. La seule touche « à l’anglaise » est apportée à Saint-Jean de Beauregard par la Comtesse de Caraman qui fait transformer les trois mares carrées situées face à la glacière en une mare aux contours irréguliers arrondie. Ainsi, le parc de Saint-Jean de Beauregard, par la permanence de son style, fait figure d’exception.

Les agréments du parc

Progressant dans le parc, le visiteur aperçoit une Chapelle du XIXe siècle, une glacière utilisée autrefois pour stocker la neige destinée à la conservation des aliments et au rafraîchissement des boissons, un Pigeonnier qui compte parmi les plus grand d’Ile-de-France, des stalles et des écuries, un poulailler et une Orangerie. Il peut alors imaginer des scènes de vie des siècles passés : des chevaux que l’on scelle, le cliquetis des sabots, les hennissements d’impatience, le bruit des pas sur les pavés des gens affairés, les jardiniers et leur brouette, la lavandière…
Situé à l’opposé de la grille d’entrée, le château du XVIIe siècle se laisse découvrir. Depuis son premier étage, l’origine de l’appellation des lieux devient pleinement explicite : Saint-Jean de Beauregard aujourd’hui, Saint-Jean de Montfaucon jusqu’en 1610. L’un et l’autre de ces noms évoquent l’importance donnée au regard avec côté jardin, la belle vue sur la vallée de la Salmouille, et côté cour, l’allée majestueuse de tilleuls de 1,5 kilomètres en direction de Gometz-la-ville ; l’un et l’autre soulignent la position élevée du site. Ce spectacle justifie à lui seul l’établissement d’une première demeure seigneuriale au Moyen-Âge qui a précédé le château d’époque Louis XIII.

Profiter du parc de Saint-Jean de Beauregard aujourd’hui

La promenade dans le Parc fait partie intégrante de l’expérience de visite de Saint-Jean de Beauregard. L’atmosphère qui s’en dégage prête au bien-être et chaque saison donne un charme particulier à cette partie du domaine. Au Printemps, le Parc se pare de milliers de bulbes fleuris ; en Été, l’ombre des chênes et des tilleuls centenaires et remarquables apporte un instant de fraîcheur ; à l’Automne, la flamboyance des feuillages, le bruissement des feuilles mortes foulées éveillent une douce nostalgie. Comme le Potager fleuri, le Parc est un écosystème fragile avec sa faune et sa flore. Afin de limiter le traitement chimique, ce sont les moutons, présents à l’année, qui entretiennent le parc. La pièce d’eau, autrefois employée comme pédiluve pour délasser les pattes des chevaux après les longs voyages, sert aujourd’hui au drainage du jardin et collecte également les eaux de pluie des toits.

Le Parc est aussi un musée de plein air dans lequel l’arbre est une œuvre d’art à double titre. On admire son esthétisme, ses couleurs, ses textures, ses formes ; on s’arrête sur son intérêt botanique. On s’attardera au pied du magnifique grand cèdre du Deodar (Himalaya) planté au début du XXe siècle, on contemplera l’allée des tilleuls formant la perspective du Château classée Monument Historique. Dans ce milieu végétal, l’arrosoir en zinc aux proportions démesurées de l’artiste Francis Arsène, provoque surprise et amusement.