Le domaine

Le Potager fleuri

Le Potager fleuri à la française de Saint-Jean de Beauregard est l’alliance parfaite de l’utile et de l’agréable. Au sein d’un espace organisé par la géométrie, les légumes côtoient les fleurs pour créer une palette multicolore qui évolue au fil des floraisons. Pénétrer dans le Potager fleuri c’est entrer dans un théâtre où se joue le spectacle de la Nature.

Groseiller du Potager fleuri à la française du château de Saint-Jean de Beauregard
Le Potager fleuri de Saint-Jean de Beauregard en été

Le Potager à la française est une mise en ordre harmonieuse de la Nature

Un Potager à la française alimente la table du château de Saint-Jean de Beauregard depuis le XVIIe siècle. Ce type de jardin dit d’utilité est en effet essentiel à la vie en autarcie d’un domaine comme celui-ci qui pouvait compter jusqu’à 40 personnes.
Le plan du jardin potager de Saint-Jean rappelle celui du Potager du Roi à Versailles où même dans un lieu dénué de toute fonction de représentation la Raison dictait ses règles quand il s’agissait d’embellir la Nature. Le dessin fait donc appel à la géométrie et à l’optique à l’instar du jardin de plaisance. Le Potager s’inscrit dans un quadrilatère protégé de l’extérieur et des vents froids par de hauts murs de pierre; les cultures sont organisées dans des parterres géométriques délimités par des allées rectilignes convergeant vers le centre du quadrilatère ; l’intersection des allées, qui sont des axes de symétrie et des perspectives, est signalée par un bassin. L’aménagement actuel diffère légèrement de celui du XVIIIe siècle que l’on peut voir sur le plan d’intendance dressé en 1784 mais l’esprit demeure le même.
L’originalité et sans doute l’esthétique du Potager à la française de Saint-Jean de Beauregard résident dans l’alliance de l’agréable à l’utile. En effet, la fonction nourricière n’est pas l’unique intérêt de ce jardin ; ici, les fleurs plantées dans des plates-bandes d’un mètre cinquante de large soulignent les tracés et concourent à créer une palette de couleurs aux multiples nuances ; les allées d’herbe soigneusement tondue, les arbres fruitiers guidés en espalier illustrent la victoire de l’esprit sur le chaos. Dans ce petit univers où la Nature est mise en ordre règne l’harmonie.

Le théâtre du spectacle de la Nature

Au fil de l’année, des saisons, des floraisons, le Potager de 2 hectares offre aux visiteurs un spectacle différent mais toujours aussi surprenant. Madame de Curel, mère de l’actuel propriétaire, organise elle-même le plan de disposition des plantes. « Couleur, floraison, hauteur, j’ai tout dans ma tête. C’est un passe-temps pour moi depuis toute jeune. Ma grand-mère avait un grand jardin avec des fleurs et des légumes sortant de l’ordinaire. Je crois que j’ai hérité d’elle mon amour du jardinage » dit-elle avec enthousiasme.

Le terme « potager » vient du fait que l’on cultive dans ce jardin les légumes que l’on cuit au pot ; c’est-à-dire les légumes qui sont les ingrédients du potage. Sans surprise, on retrouve donc à Saint-Jean de Beauregard des poireaux, des carottes, des courges, des navets, des choux… qui côtoient des légumes moins communs tels que le jambon du jardinier – soit l’onagre bisannuelle ou l’Oenothère, légume racine – et la plante aux œufs – qui est en fait une aubergine blanche dont la forme évoque un gros œuf – , des fraises blanches, des petits pois carrés ou des épinards donnant des fruits ressemblant à des fraises.

Si vous venez visiter le Potager entre mars et avril, vous vivrez le renouveau printanier qui se signale par la floraison des 100 000 bulbes présents dans le Potager et dans tout le domaine, des hellébores, des pivoines, des pommiers et des poiriers qui colorent les lieux de verts vifs adoucis par les douces teintes blanches et rosées ; entre mai et juin, ce sont les alliums, les clématites, les iris, les pivoines et les roses anciennes qui prennent le relai ; au cours de l’été, les annuelles en camaïeux et le jardin des simples seront l’écrin de votre promenade ; en septembre, vous ferez la découverte des légumes rares ou oubliés accompagnés des cucurbitacées et des dahlias dont la flamboyance anime le Potager ; entre octobre et novembre, les asters, les cardons, les fruits d’automne, de bleus et de verts de gris annoncent la dormance prochaine.

La beauté du Potager de Saint-Jean de Beauregard est la conjugaison des soins constants apportés par les jardiniers du domaine et du compagnonnage. En effet, les fleurs n’ont pas qu’un rôle esthétique, leur présence participe à la belle croissance des légumes. En bonnes camarades, elles les protègent des insectes nuisibles et du soleil, elles attirent les polinisateurs, elles repoussent les chenilles, les vers et les limaces et elles luttent contre les maladies. Ainsi, visiter le Potager fleuri à la française de Saint-Jean de Beauregard est une expérience multiple, une invitation à assister au théâtre du spectacle de la Nature. Au choix, successivement ou simultanément, vous pouvez : vous abandonner à la douceur des lieux ; découvrir un musée vivant à ciel ouvert où le jardin est un tableau dans lequel chaque fruit, légume ou fleur est un objet d’art ; observer tout un écosystème qui évolue sous vos yeux.

Savez-vous ce qu’est la colombine ?

Non loin du Potager, se trouve le Pigeonnier aussi dit Colombier. L’importance de ce type de bâtiment est assez méconnue de nos jours ; pourtant, dans un domaine comme celui de Saint-Jean de Beauregard il avait un rôle primordial. Depuis Charlemagne jusqu’à la Révolution française, le colombier a été un marqueur social puisque seuls les nobles avaient le droit de posséder des pigeons dont le nombre dépendait de l’étendue de leurs terres : plus la propriété était vaste plus le pigeonnier était grand. Au-delà du symbole de puissance, le pigeonnier était une usine de production de « colombine », la seule source d’engrais connue pour les cultures. Ce terme désigne l’amalgame de la fiente de pigeon avec les débris végétaux utilisés pour les nids. Cette substance est riche en azote, acide phosphorique, potasse, chaux et ammoniac. Pour un Potager de 2 ha, on estime qu’il fallait 2.000 à 2.500 pigeons pour fournir l’engrais nécessaire, ce qui est tout à fait vraisemblable car le Pigeonnier de Saint-Jean de Beauregard comprend 4.500 boulins. La rareté faisant le prix, la colombine se revendait à un coût très élevé.

Le pigeonnier de Saint-Jean de Beauregard

La chambre de conservation du raisin selon le procédé de Thomery, un héritage du XIXe siècle

Depuis le Moyen-Âge, la viticulture est pratiquée sur les côteaux du Hurepoix. Comme vous pourrez le constater, à Saint-Jean de Beauregard, le raisin ne pousse pas sur les côteaux mais dans des serres à raisin qui datent du XIXe siècle. Cette installation rappelle que le jardinage tient à la fois de l’art et de la science. Louis XIV en avait pleinement conscience. C’est pourquoi il a fait mener aussi bien par Jean de La Quintinie au Potager du Roi que par André Le Nôtre à Trianon des expériences pour dominer la Nature : c’est ainsi qu’avec l’aide de cloches de verre ou de serres, des asperges poussent à Versailles en toute saison et que des orangers furent plantés en pleine terre et non en caisse.
Quant au raisin, c’est seulement au XIXe siècle qu’est mis au point à Thomery (Seine-et-Marne) par Baptiste Larpenteur un procédé qui en permet la consommation bien après les vendanges. En effet, le raisin est un fruit fragile qui se dégrade rapidement. Un peu par hasard, Baptiste Larpenteur découvre qu’en plongeant des rafles fraîches dans l’eau, la grappe se conserve jusqu’à 6 mois. Pour que la conservation soit optimale, les rafles mises individuellement dans des flacons en verre remplis d’eau, doivent être stockées dans un local à une température constante oscillant entre 10° et 12°C semblable à la chambre de conservation du raisin du Potager de Saint-Jean de Beauregard.

Le verger

En complément du Potager et des serres, au fond du jardin se trouve un verger. La présence d’un verger au domaine de Saint-Jean de Beauregard est une tradition qui remonte au moins au XIIe siècle d’après les archives qui indiquent que déjà, au Moyen-Âge, un verger et son pressoir existaient. Y sont plantés différents arbres fruitiers : pruniers, pommiers, cerisiers, cognassiers, néfliers mais aussi des arbustes décoratifs et des rosiers anciens.

L’ensemble de ces éléments a conduit Saint-Jean de Beauregard à être classé Monument Historique en 1993 et Jardin Remarquable en 2005.