La plante idéale ?
Tous les jardiniers font des rêves. La gamme de ceux-ci est vaste et varie suivant les lieux et les individus : jardin qui se désherbe et s’arrose seul, gazon qui ne pousse pas, arbustes qui se taillent automatiquement… La liste serait longue !
Mais un des souhaits les plus fréquents concerne des plantes aptes à fleurir du 1er janvier au 31 décembre. Ces plantes-là n’existent pas, du moins sous nos climats, et il vaut peut-être mieux ne pas s’en plaindre, car l’ennui, suivant la parole du moraliste, naîtrait alors certainement de l’uniformité.
Sans aller à ces extrêmes, toutefois, des végétaux qui, sans trop d’efforts, fournissent des fleurs pendant plusieurs mois sont toujours bienvenus. Ils assurent la continuité du spectacle dans les plates-bandes où ils épaulent des compagnes plus fugaces. Quelques-uns, tels les chrysanthèmes, abélias, diverses sauges ou les rosiers remontants ont déjà gagné leurs lettres de noblesse en la matière.
Mais il reste d’autres trésors à découvrir. Tous, généralement très faciles à apprivoiser et adaptés à des situations très variées, méritent d’être mis en avant et sont appelés à devenir, eux aussi, des ornements obligés de nos jardins.
La Rosa roxburghii ‘Plena’ des Roseraies Loubert
Ce rosier extrême-asiatique (Chine et Japon), a une origine mystérieuse. C’est un des trois seuls rosiers plus ou moins sauvages qui soient naturellement remontants. On ne l’a jamais trouvé dans la nature mais uniquement dans des jardins orientaux, et on pense aujourd’hui que c’est en fait un hybride très ancien. Doté d’un ravissant feuillage léger, presque plumeux, qui fait plutôt penser à une Fabacée (ou Légumineuse) et de multiples aiguillons ornementaux, il produit sur des buissons bas une multitude de fleurs roses très doubles, parfaites, d’abord en juin, puis jusque tard en arrière-saison. Avec le temps, les branches se desquament et offrent une très jolie écorce. Une belle acquisition pour les amateurs de raretés comme pour les autres.
Le Begonia ‘Nanjiang Silver’ de La Roche Saint-Louis
Depuis quelques années, les bégonias rustiques, (ou presque !) ont le vent en poupe. L’un des plus connus est sans aucun doute le chinois Begonia grandis ssp. evansiana, populaire dans les jardins d’ombre depuis la fin du XIXe siècle. Ce bégonia a prouvé sa bonne rusticité (-12°C au moins et au-delà pour ses bulbilles), mais son feuillage et sa floraison sont aimables, sans plus.
Il en va tout autrement de son cousin proche, B. grandis ssp. holostyla ‘Nanjiang Silver’. Celui-ci porte en effet des feuilles vert foncé, largement marbrées d’argent sur les sujets adultes. La plante possède par ailleurs le bon caractère et la rusticité de son parent classique. Aurore Ducreux en a sélectionné une forme à fleurs roses et une à fleurs blanches, épanouies de juin à novembre. A vous de choisir…
La sauge guaranitica ‘Supertrooper’ de Fleurs et Senteurs
Parmi les nombreuses espèces de sauges offertes par la nature, Salvia guaranitica fait toujours les yeux doux aux amateurs : puissante, élevée (environ 2 m, souvent), elle porte en abondance de grandes fleurs bleu vif. Tout irait bien si elle ne s’avérait frileuse, et surtout si elle s’épanouissait avant octobre ou novembre.
Fort heureusement, les sélectionneurs en ont déniché une forme qui mettra tout le monde d’accord. Encore plus vigoureuse que le type, dotée de tiges épaisses et robustes, ‘Supertrooper’ (= « soldat d’élite ») fleurit depuis juillet jusqu’aux froids, et s’avère en outre rustique (-10°C). Prenez toutefois la précaution, comme avec la plupart des plantes de ce genre, de l’installer au soleil, et dans un sol raisonnablement drainé.
La Sinningia tubiflora des Pépinières Braun
Le monde entier connaît les « violettes du Cap » (qui d’ailleurs ne viennent pas du Cap et ne sont pas des violettes !), mais leur famille, celle des Gesnériacées, recèle d’autres trésors. Témoin la Sinningia tubiflora. Cette plante gracieuse porte des tiges rampantes de 20-30 cm de long, garnies d’un feuillage duveteux, et produit pendant des mois des fleurs blanc pur, tubulaires, dotées d’un puissant parfum qui lui sert à attirer les papillons de nuit. Donnez-lui une bonne lumière, sans soleil brûlant. Ses souches tubéreuses, qui prolifèrent et sol humifère et aéré, s’avèrent frileuses. La plante convient donc plutôt à la serre froide ou à la véranda, où elle s’épanouit de mai à octobre. Mais elle peut être accueillie dans un coin très abrité en climat vraiment doux ( -3/-4°C).
L’Heliconia rostrata du Jardin des Erythrines
Symbole absolu de l’exotisme tropical, les Heliconia ne nous sont guère connues qu’à travers la fleuristerie de luxe, où figurent en bonne place leurs fleurs aux formes et couleurs insensées.
L’une des espèces les plus spectaculaires est sans aucun doute H. rostrata, aux énormes cascades retombantes de fleurs cireuses, parées de rouge, vert et jaune. Chaque inflorescence prend son temps pour s’épanouir entièrement, et reste décorative pendant près de deux mois.
Cette merveille sophistiquée se mérite, demandant un sol humifère et riche, la mi-ombre ainsi qu’une forte hygrométrie et une température jamais inférieure à 10°C. C’est donc un trésor destiné à la serre tempérée ou chaude, où ses grandes palmes vertes (2m de haut) assureront le décor en attendant les fleurs.